La légende de Lalla Mimouna
Son nom est connu dans toute l’Algérie et même au Maghreb : Lalla Maïmouna ou Lalla Mimouna. On la localise aussi un peu partout : dans l’Algérois, en Kabylie, dans le Constantinois, au Sahara …
La légende dit que c’est une femme pieuse qui ne parlait que son dialecte berbère. Elle ignorait la langue arabe et ne savait dire pour toute prière que ces mots : «Mimouna adore Dieu et dieu écoute Mimouna.» Prière naïve mais prière sincère qui provient d’un cœur plein de foi et de sincérité.
Pour ne pas avoir à dire des choses désagréables, elle s’est retirée au sommet d’une montagne et vit en ermite. Elle dort dans une grotte et, le jour, assise sur un rocher, elle passe son temps à réciter sa formule : «Mimouna adore Dieu et dieu écoute Mimouna.» Le seigneur Tout-Puissant qu’elle invoque ainsi, sans fatigue, répond à ses besoins.
Elle avait chaque jour, dit la légende, sa nourriture et sa boisson de sorte qu’elle pouvait s’occuper de ses dévotions, sans avoir à se préoccuper de sa subsistance. Des gens parfois lui rendaient visite dans sa retraite et lui demandaient de faire des invocations pour eux. Elle répondait à la demande et, après avoir invoqué Dieu, elle reprenait sa litanie : «Mimouna adore Dieu et Dieu répond à Mimouna.»
Le temps passe, Mimouna vieillit, mais elle récite toujours sa formule, le cœur plein d’amour et de crainte pour Dieu. Un jour, alors qu’elle est en prière, un étranger de passage la croise :
— Bonjour brave femme, qui es-tu ?
— Je suis Mimouna ;
— Que fais-tu ici, seule, dans la montagne ?
— J’adore Dieu, jour et nuit, en récitant «ma» prière ;
— «Ta» prière ? Mais il n’y a qu’une façon de prier ; mais récite-moi «ta» prière !»
Elle lui débite alors sa formule : «Mimouna adore Dieu et Dieu répond à Mimouna» ; l’homme sourit : «Non, dit-il, ce n’est pas comme cela qu’il faut prier !
«J’ai toujours prié de la sorte, dit la pauvre femme, bouleversée à l’idée de ne pas être en conformité avec la religion.»
«Ne t’inquiète pas, dit l’homme, si tu veux, je vais t’enseigner la prière…»
La brave femme, encore plus inquiète, demande : «Dieu me pardonnera-t-il d’avoir ainsi prié toutes ces années de retraite ? Je ne savais pas comment procéder et je ne sais pas la langue arabe !»
« Assurément Dieu te pardonnera, dit l’homme, puisque ta foi est sincère !»
Il s’assoit à côté d’elle et lui enseigne la prière, en lui répétant les formules pour qu’elle ne les oublie pas. «Voilà, lui dit-il, satisfait, tu sais maintenant prier correctement !»
Quand l’homme se lève pour partir, Mimouna a appris la prière. «Va, lui dit-elle, que Dieu te récompense pour la peine que tu t’es donnée pour moi !
— Fais des invocations pour moi, dit l’homme». Et il s’en va. Aussitôt l’étranger parti, elle veut retourner à ses dévotions. Maintenant qu’elle a appris la façon correcte de prier, elle n’a plus besoin de ressasser sa formule : «Mimouna adore Dieu, Dieu répond à Mimouna».
Elle s’assoit à sa place habituelle et s’apprête à réciter les formules enseignées par l’étranger. Mais voilà que les mots s’emmêlent dans sa tête, elle n’arrive pas à les aligner et puis même les mots dont elle se rappelle, elle finit par les oublier.
«Mais que faut-il dire ?», se demande-t-elle. Elle regarde autour d’elle, dans l’espoir de revoir l’étranger qui lui a appris à prier, mais il a disparu ! «Mon Dieu, mon Dieu, gémit-elle, pourquoi cet homme est-il venu ? J’étais paisible et j’adorais mon Créateur, le cœur plein de foi, et voilà qu’il surgit et qu’il me dit que ma façon de prier n’est pas la bonne ! Il m’a appris sa façon mais je l’ai oubliée !» Elle se tord les mains : elle ne peut pas rester sans prier. Elle a le besoin vital d’invoquer le Seigneur pour lui témoigner sa foi ! Sans prière, elle est comme morte.
Puisque Mimouna a oublié la prière de l’étranger, elle ne peut que retourner à la sienne. Même si elle n’est pas correcte, elle exprime toute sa foi et son amour pour Dieu, Dieu lui pardonnera certainement son étourderie. «Mimouna, commence-t-elle, Mimouna…».
Et elle s’arrête : elle a oublié l’autre moitié de sa prière ! Elle tente de retourner à la prière de l’étranger, mais maintenant elle en a même oublié les premiers mots. Elle a oublié également sa formule ! Elle lève alors les mains au ciel et, dans un mouvement de colère, lance cette injonction : «Ô mon Dieu, cet homme m’a embrouillé l’esprit, embrouille sa route ! Fasse qu’il ne trouve pas son chemin ! Fasse qu’il reste prisonnier de la montagne jusqu’à ce que je retrouve ma prière !».
A ce moment-là, l’étranger qui s’apprêtait à quitter la montagne, se met à tourner en rond. Il lui semble que l’espace s’est refermé sur lui et il n’arrive pas à trouver son chemin ! «Que se passe-t-il, se demande-t-il, j’étais pourtant sûr de ma route, cette brave femme m’a bien orienté, je ne comprends pas pourquoi je me suis perdu !».
Il tourne ainsi toute la journée, passant et repassant inlassablement par les mêmes lieux. Désespéré, il décide de retourner auprès de Mimouna qui saura, peut-être, le guider. L’étranger retrouve Mimouna, pleurant, accoudée à son rocher.
«Qu’as-tu ? lui demande-t-il, tu étais bien quand je t’ai laissée.» Elle le regarde et lui dit sévèrement : «J’ai oublié la prière que tu m’as enseignée et j’ai également oublié ma formule, de sorte que je ne peux plus invoquer le Seigneur Tout-Puissant !»
L’homme a aussitôt un soupçon : «Mimouna, ne m’aurais-tu pas lancé une malédiction ?» – «Oui, dit la pieuse femme qui ignore le mensonge, je t’ai lancé une injonction !»
L’homme devient pâle. «Tu as dû me maudire de t’avoir embrouillée !» – «J’ai demandé à Dieu d’embrouiller ta route comme tu as embrouillé mon esprit !»
– «Pardonne-moi !» dit l’homme ;
– «Je te pardonne, dit Mimouna, mais rappelle-moi la prière !»
– «Je vais te rappeler ta formule, dit l’homme» ;
– Mais tu m’as dit qu’elle était incorrecte» ;
– «Que non ! dit l’homme. Ta façon de prier est très correcte puisque Dieu agrée tes invocations. Continue à la réciter, continue à adorer Dieu à ta façon, ô Mimouna, qu’importent les formules puisque, pour Dieu, seules la foi et la sincérité comptent ! Mimouna retourne donc à sa prière : ‘’Mimouna adore Dieu et Dieu connaît Mimouma.’’» Et l’homme, comme par enchantement, retrouve son chemin.
La légende dit que c’est une femme pieuse qui ne parlait que son dialecte berbère. Elle ignorait la langue arabe et ne savait dire pour toute prière que ces mots : «Mimouna adore Dieu et dieu écoute Mimouna.» Prière naïve mais prière sincère qui provient d’un cœur plein de foi et de sincérité.
Pour ne pas avoir à dire des choses désagréables, elle s’est retirée au sommet d’une montagne et vit en ermite. Elle dort dans une grotte et, le jour, assise sur un rocher, elle passe son temps à réciter sa formule : «Mimouna adore Dieu et dieu écoute Mimouna.» Le seigneur Tout-Puissant qu’elle invoque ainsi, sans fatigue, répond à ses besoins.
Elle avait chaque jour, dit la légende, sa nourriture et sa boisson de sorte qu’elle pouvait s’occuper de ses dévotions, sans avoir à se préoccuper de sa subsistance. Des gens parfois lui rendaient visite dans sa retraite et lui demandaient de faire des invocations pour eux. Elle répondait à la demande et, après avoir invoqué Dieu, elle reprenait sa litanie : «Mimouna adore Dieu et Dieu répond à Mimouna.»
Le temps passe, Mimouna vieillit, mais elle récite toujours sa formule, le cœur plein d’amour et de crainte pour Dieu. Un jour, alors qu’elle est en prière, un étranger de passage la croise :
— Bonjour brave femme, qui es-tu ?
— Je suis Mimouna ;
— Que fais-tu ici, seule, dans la montagne ?
— J’adore Dieu, jour et nuit, en récitant «ma» prière ;
— «Ta» prière ? Mais il n’y a qu’une façon de prier ; mais récite-moi «ta» prière !»
Elle lui débite alors sa formule : «Mimouna adore Dieu et Dieu répond à Mimouna» ; l’homme sourit : «Non, dit-il, ce n’est pas comme cela qu’il faut prier !
«J’ai toujours prié de la sorte, dit la pauvre femme, bouleversée à l’idée de ne pas être en conformité avec la religion.»
«Ne t’inquiète pas, dit l’homme, si tu veux, je vais t’enseigner la prière…»
La brave femme, encore plus inquiète, demande : «Dieu me pardonnera-t-il d’avoir ainsi prié toutes ces années de retraite ? Je ne savais pas comment procéder et je ne sais pas la langue arabe !»
« Assurément Dieu te pardonnera, dit l’homme, puisque ta foi est sincère !»
Il s’assoit à côté d’elle et lui enseigne la prière, en lui répétant les formules pour qu’elle ne les oublie pas. «Voilà, lui dit-il, satisfait, tu sais maintenant prier correctement !»
Quand l’homme se lève pour partir, Mimouna a appris la prière. «Va, lui dit-elle, que Dieu te récompense pour la peine que tu t’es donnée pour moi !
— Fais des invocations pour moi, dit l’homme». Et il s’en va. Aussitôt l’étranger parti, elle veut retourner à ses dévotions. Maintenant qu’elle a appris la façon correcte de prier, elle n’a plus besoin de ressasser sa formule : «Mimouna adore Dieu, Dieu répond à Mimouna».
Elle s’assoit à sa place habituelle et s’apprête à réciter les formules enseignées par l’étranger. Mais voilà que les mots s’emmêlent dans sa tête, elle n’arrive pas à les aligner et puis même les mots dont elle se rappelle, elle finit par les oublier.
«Mais que faut-il dire ?», se demande-t-elle. Elle regarde autour d’elle, dans l’espoir de revoir l’étranger qui lui a appris à prier, mais il a disparu ! «Mon Dieu, mon Dieu, gémit-elle, pourquoi cet homme est-il venu ? J’étais paisible et j’adorais mon Créateur, le cœur plein de foi, et voilà qu’il surgit et qu’il me dit que ma façon de prier n’est pas la bonne ! Il m’a appris sa façon mais je l’ai oubliée !» Elle se tord les mains : elle ne peut pas rester sans prier. Elle a le besoin vital d’invoquer le Seigneur pour lui témoigner sa foi ! Sans prière, elle est comme morte.
Puisque Mimouna a oublié la prière de l’étranger, elle ne peut que retourner à la sienne. Même si elle n’est pas correcte, elle exprime toute sa foi et son amour pour Dieu, Dieu lui pardonnera certainement son étourderie. «Mimouna, commence-t-elle, Mimouna…».
Et elle s’arrête : elle a oublié l’autre moitié de sa prière ! Elle tente de retourner à la prière de l’étranger, mais maintenant elle en a même oublié les premiers mots. Elle a oublié également sa formule ! Elle lève alors les mains au ciel et, dans un mouvement de colère, lance cette injonction : «Ô mon Dieu, cet homme m’a embrouillé l’esprit, embrouille sa route ! Fasse qu’il ne trouve pas son chemin ! Fasse qu’il reste prisonnier de la montagne jusqu’à ce que je retrouve ma prière !».
A ce moment-là, l’étranger qui s’apprêtait à quitter la montagne, se met à tourner en rond. Il lui semble que l’espace s’est refermé sur lui et il n’arrive pas à trouver son chemin ! «Que se passe-t-il, se demande-t-il, j’étais pourtant sûr de ma route, cette brave femme m’a bien orienté, je ne comprends pas pourquoi je me suis perdu !».
Il tourne ainsi toute la journée, passant et repassant inlassablement par les mêmes lieux. Désespéré, il décide de retourner auprès de Mimouna qui saura, peut-être, le guider. L’étranger retrouve Mimouna, pleurant, accoudée à son rocher.
«Qu’as-tu ? lui demande-t-il, tu étais bien quand je t’ai laissée.» Elle le regarde et lui dit sévèrement : «J’ai oublié la prière que tu m’as enseignée et j’ai également oublié ma formule, de sorte que je ne peux plus invoquer le Seigneur Tout-Puissant !»
L’homme a aussitôt un soupçon : «Mimouna, ne m’aurais-tu pas lancé une malédiction ?» – «Oui, dit la pieuse femme qui ignore le mensonge, je t’ai lancé une injonction !»
L’homme devient pâle. «Tu as dû me maudire de t’avoir embrouillée !» – «J’ai demandé à Dieu d’embrouiller ta route comme tu as embrouillé mon esprit !»
– «Pardonne-moi !» dit l’homme ;
– «Je te pardonne, dit Mimouna, mais rappelle-moi la prière !»
– «Je vais te rappeler ta formule, dit l’homme» ;
– Mais tu m’as dit qu’elle était incorrecte» ;
– «Que non ! dit l’homme. Ta façon de prier est très correcte puisque Dieu agrée tes invocations. Continue à la réciter, continue à adorer Dieu à ta façon, ô Mimouna, qu’importent les formules puisque, pour Dieu, seules la foi et la sincérité comptent ! Mimouna retourne donc à sa prière : ‘’Mimouna adore Dieu et Dieu connaît Mimouma.’’» Et l’homme, comme par enchantement, retrouve son chemin.
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