Massinissa
Massinissa avait à pétrir
et à façonner un vaste royaume englobant toute l'Algérie actuelle et une partie
de la Tunisie. Avant lui, dit Polybe, la Numidie était inutile est considérée comme
incapable de donner des produits cultivés. C'est lui, le premier, lui seul, qui
montera qu’elle peut les donner tous, autant que n'importe quelle autre contrée,
car il mit en valeur de très grands espaces.
Sa recette ? Il fixa
au sol les nomades qui formaient alors la majorité de notre population. Les
ayant pourvus de terre et transformés en
cultivateurs, il les groupa dans des Bourgs fortifiés et dotés d’institutions
municipales.
Il fit régner l'ordre et la prospérité.
Lorsque les historiens parlent des
richesses l’Afrique, ils oublient de dire que les Romains n'avaient pas créé
ces richesses, ils en profitaient. Le fameux « grenier à blé » était
l’œuvre des maghrébins et de leur chef Massinissa.
Le grand Massinissa ne s’intéressa pas seulement à
l'économie de son pays, il voulut aussi
cultiver les âmes et pour faciliter l'essor et la diffusion, dans les masses,
de la culture nationale, il aurait, dit-on, crée lui-même cet alphabet libyque
utilisé aujourd'hui par les Touareg.
Ces réformes, conçues pour
le bonheur du peuple, avaient suscité un tel enthousiasme qu’elles modifièrent
le sentiment de nos ancêtres à l'égard de la royauté. On connaît leur instinct
égalitaire, ennemi de toute hiérarchie et leur amour ombrageux de la Liberté. Massinissa
sut désarmer leurs préventions et forcer
leur admiration.
Soucieux de donner à la personnalité
se son peuple un développement libre et harmonieux, Massinissa n’en était pas
moins sensible à l’exemple des autres civilisations. Mais ce n’était pas à Rome
ou à Carthage qu’il demandait ces modèles. Son culte s’adressait à l’admirable
génie hellénique, créateur d’une civilisation profondément humaine, avide de
libérer plutôt de s’asservir.
M Cherif Sahli, Le message de
Yougourtha Ed.En-Nahdha, 1992
À l'âge de 20
ans, L’Emir Abdelkader avait toutes les qualités que le peuple aime voir chez
ceux qu'il place à sa tête [...]
Dès sa plus
tendre enfance, il connaissait déjà toutes les langues du Coran, et ses
commentaires dépassaient ceux des plus habiles interprètes. Il apprit avec
enthousiasme la rhétorique et l'histoire. Il est aujourd'hui considéré comme le
meilleur orateur de tout le pays, […] Il ne négligea pas non plus les qualités
physiques, qu'il acquit avec grand talent, on le tient généralement comme le
plus grand cavalier de la Berbérie.
Abdelkader
est un homme de mœurs très pures et très strictes. Sans être fanatique, il est
habité par une solide foi religieuse. Il n'hésite pas à discuter de sujets
religieux avec les chrétiens, ce qu'il fait sans animosité et avec courtoisie.
Il tient toujours parole, mais pendant les négociations, il s'avère un
diplomate fin et rusé. […]
Cet homme
doué de tant d'esprit ne néglige pas les services corporels. Il manie ses armes
et monte à cheval de bataille à la perfection. Ses mouvements sont libres et
légers. Les nombreuses activités qu'il a exercées et un profond sentiment
religieux font qu'il reste, en toutes circonstances, simple et naturel […]
Abdelkader
fit destituer son frère Sidi Mustapha de son poste de khalifa de Médéa en
raison de la légèreté de ses mœurs et nomma El Berkani à sa place. C'est là une
preuve que l'Emir, quand il s'agissait d'imposer l'ordre et la justice ne
favorisait nullement ses proches.
Adolph Vilhelm Dinesen Abdelkader Et les relations entre les
Français et les Arabes en Afrique du Nord (édition originale publiée en danois
en 1840. Coédition, Fondation Emir Abdelkader - Anep-2001).
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