Composition
du premier trimestre
Le génocide perpétué par l’armée coloniale le
08 mai 1945 a
été l’un des prix payés par les Algériens en quête d’indépendance.
Le 08 mai 1945 coïncide avec le jour de la libération des français du
joug nazi. Une victoire de la
France et de ses alliés, à laquelle, avaient contribué des
milliers d’Algériens en offrant leur sang pour que vivent en paix des millions
de français.
Malheureusement, ces «indigènes » musulmans devaient à leur tour
être «remerciés » par la voie de sacrifice, car l’ordonnance du 07 mars
1944 de De gaulle avait oublié les promesses faites. Elles n’étaient que
chimères. Les Algériens connaîtront pendant une dizaine de jour de sanglantes
répressions dans les villes de Sétif, Kherrata, Guelma et beaucoup d’autres
régions payeront fortement le prix avec l’extermination de 45000 civiles.
Ainsi, dans la matinée du 08 mai 1945, pour célébrer la chute de
l’Allemagne nazi, les nationalistes algériens du manifeste de la liberté de
Ferhat Abbas et du PPA (dissous) de Messali Hadj organisent un défilé à Sétif
avec les drapeaux alliés en tête. Bouzid Sâal refuse de baisser le drapeau
Algérien qu’il porte et est abattu par un policier. Cet acte déclenche une
émeute suivie d’une répression atroce.
A
Sétif, Guelma, Kherrata, de terribles massacres sont enregistrés parmi la
population civile…
A
Guelma, les B23 ont mitraillé des journées entières tout ce qui bougeait. La
répression judiciaire allait déboucher sur 7400 arrestations et 151
condamnations à mort. Un massacre qui, ni plus ni moins, allait jouer un grand
rôle dans le déclanchement de la guerre de libération nationale en novembre 1954.
Afin que nul n’oublie.
Chérif Abdedaim
La nouvelle République du 08 / 05 / 2006
Texte :
Ce jour du 08 mai, de grandes manifestations
furent organisées par le PPA. A travers tous le pays, l'Algérie défila en scandant
dignement: "A bas le colonialisme!" " Vive l'Algérie
indépendante!" A l'exemple du 1er mai, les manifestations eurent un
caractère pacifique, et partout où les forces de police ne n'interposaient pas,
tout se déroule dans l'ordre et le calme absolu.
Puis,
ce fut la provocation, l'éclatement: "c'est à la suite de l'intervention
des policiers et des soldats dans les villes de garnisons que les bagarres
commencèrent." Avoua Henri Benzet. Le colonat animé par la haine et la
violence, donna libre cours à ses instincts les plus bas. Les massacres eurent
lieu dans le constantinois, d'où Ferhat Abbès témoigna de Sétif, sa ville:
"le 08 mai 1945, est un mardi, c'est le marché hebdomadaire. La ville de
Sétif abrite ce jour là, entre cinq et quinze mille fellahs et commerçants
venus des régions les plus éloignées ….
Dans
cette cité, le cortège, parfaitement organisé et autorisé par les autorités à
son départ de la mosquée, parvint son incident jusqu'au niveau du café de
France.
Là, aux alentours, des cars chargés de
policiers étaient postés et prêts à intervenir (…) Alors le scénario se déroula
furieusement, et la fusillade commença. La loi martiale fut proclamée, nul ne
put circuler. Tout Algérien était abattu, impitoyablement. Le ratissage s'opéra
sauvagement et sans frein. C'était l'hystérie. Tout se mêla et se confondit. Le
sang appela le sang ; tout indigène, citadin ou rural, loyaliste ou militant,
était considéré comme une victime qu'il fallait abattre sans pitié…".
M. Yousfi,
L’Algérie en marche, Enal Ed, 1983
C’est en tant que combattants ou travailleurs, que les Algériens ont participé à la première guerre mondiale. Jusqu’en 1912, leur recrutement militaire s’était fait par engagement.
C’est en tant que combattants ou travailleurs, que les Algériens ont participé à la première guerre mondiale. Jusqu’en 1912, leur recrutement militaire s’était fait par engagement.
La masse des Algériens restait hostile à
la conscription ; des jeunes refusaient de se présenter devant les conseils de
révision, à Ain Touta par exemple, vingt-cinq seulement répondirent sur quatre
cents appelés. Dans de nombreuses villes, particulièrement dans l’Oranie, à
Tlemcen, Remchi, Nedroma, des manifestations eurent lieu. Les mozabites
installés dans le nord rejoignirent le Mzab pour échapper à la conscription.
L’administration réprima sévèrement les manifestants.
Il y eut au total 173.019 Algériens
mobilisés sur la durée de la guerre, soit 3,7% de la population dont 120.000 à
125 000 combattirent sur les différents fronts : 25.000 d’entre eux furent tués
et plus de 25.000 blessés. Du côté des Français européens d’Algérie, 73.000
furent mobilisés et 13.000 tués.
Au début de la guerre, il y avait 13.300 travailleurs en France. Le
développement des usines de guerre, la pénurie d’ouvriers, le manque de bras
pour creuser les tranchées de seconde ligne nécessitaient l’utilisation de la
main d’œuvre coloniale. Recrutement par l’administration et recrutement privé
amènent en France de nombreux travailleurs Algériens. Il y en eut durant toute
la guerre plus de 109.000. Le recrutement des travailleurs rencontra des
réticences dans de nombreuses régions mais surtout l’opposition des colons
désirant se réserver une main d’œuvre à bon marché. Ainsi, pour les divers
besoins de la guerre, le pouvoir colonial a pu prélever près de 300.000
Algériens.
Loyalisme ou résistance, la question doit
être posée. Il y eut certes de nombreux soldats algériens pour combattre dans
l’armée française, mais aussi des résistances et des désertions. Dans l’armée,
les Algériens n’étaient pas traités comme les Français. Ils faisaient l’objet
d’une surveillance continuelle, leur correspondance était contrôlée, on se
méfiait des « officiers indigènes », et la discrimination joua dans l’octroi de
permissions, d’où des manifestations et même des désertions. Les ouvriers quant
à eux furent encadrés et employés surtout dans les fonderies, les
cartoucheries, les parcs d’artilleries, les usines de produits chimiques…
Mahfoud KADDACHE « L’Algérie des Algériens, de la préhistoire à
1954 »
EDIF 2000, Année de parution : 2003.
Texte :
Ma guerre d’Algérie
J’ai 4 ans en 1945 quand la guerre se termine ; quelques
années plus tard mes parents m’ont parlé des tickets de rationnement, des
alertes aux bombardements, des marches dans la campagne pour aller se réfugier
dans les fermes, des avions bombardant la ligne de chemin de fer située à
1 kilomètre ; des patrouilles allemandes et des barrages. J’ai compris que
je fus un enfant dans la guerre… la seconde « mondiale », celle des
fours crématoires de funeste mémoire.
Depuis l’âge de 16 ans, j’avais manqué aucune manifestation contre
la guerre d’Algérie, je reçois, à 20 ans à peine, ma feuille de
mobilisation pour l'Algérie. Le train qui nous conduit à Marseille est arrêté
par une manifestation au milieu de Partis Politiques et de Rappelés contre la Guerre d'Algérie, la
manifestation dégénère, il y a des personnes en travers des voies… Quelques
heures plus tard nous sommes à Marseille… et l’attente pour l’embarquement vers
l’Algérie (française).
Alors que j'arrive en civil sur cette terre déchirée par plus de 5
ans… d’une guerre qui ne voulait pas dire son nom, je ne me doute pas qu'au
même moment, un autre garçon de mon âge prend lui le chemin du Djebel pour
défendre sa Liberté… la vraie… celle de débarrasser son Pays du colonialisme.
Arrivant dans un pays où je ne vois que des exploités et des
dominés, les souvenirs de mon enfance me remontent à la mémoire, je sens que je
vais être obligé de faire des choses contraires à mon idéal de paix et de
tolérance, j'ai déjà le sentiment de ne pas me trouver du bon côté, comme les
Allemands en France, j'ai participé aux opérations de contrôle, les armes à la
main , j'ai fouillé au corps «des hommes qui pouvaient être mon père, mon grand
père
J'avais honte d'être là, je
sentais que leur histoire allait devenir la mienne, c'est vrai comme me disait
un pied noir, qu'ils avaient repoussés les lions qui étaient aux portes d'Oran,
sous entendant, que leur présence avait contribué au développement du pays, OUI,
c'est vrai, il y avait les hommes et les sous hommes ceux qui
commandaient et ceux qui travaillaient dans les régions déjà développées, pour
le reste, c'était encore le désert, OUI l'injustice et les
inégalités étaient criantes. Oui j'ai connu des gens, qui se
croyaient supérieurs et qui traitaient les "Indigènes" de
quantités négligeables… Le comble du comble lorsque j’ai appris que la France coloniale utilisait,
à la manière des nazis… des fours crématoires… les fours à chaux… pour brûler
des corps…
OUI j’ai compris que je n’étais pas du bon côté… et j’avais
honte !!!
De retour en France, j'ai eu beaucoup de difficulté à me réadapter
à la vie civile, je trouvais difficilement le sommeil, le moindre bruit me
faisait réagir… Ma participation à cette guerre d’Algérie et
mon statut de combattant, je ne l’ai pas choisi, je l’ai donc subi et je le
regrette
Michel Dandelot « La guerre d’Algérie » Bernard Crochet et Gérard Piouffre Nov'edi
Texte :
La
Révolution armée déclenchée en novembre 1954 a permis à tout le peuple algérien
de s’unir comme un seul homme debout pour affronter l’ennemi. Toutes les
régions du pays se sont mobilisées autour des moudjahidines qui ont mené une
lutte héroïque pour que le drapeau algérien flotte, aujourd’hui, à travers le
pays et dans le monde. Le moudjahid Rachid Adjaoud témoigne de cette guerre
menée dans la région de la Soummam, jadis nommée Petite Kabylie. Il dira à cet
effet : «La lutte pour la libération dans la vallée de la Soummam a commencé
dès le début du déclenchement de la Révolution. Les premiers militants qui
étaient structurés au sein de l’Organisation secrète 5 ou dans le parti MTLD-
PPA furent les précurseurs des actions politiques et militaires dans la région,
à l’exemple de Abderrahmane Mira, Si Hemimi Fadhel, Si Mohand Akli Naït
Kabbache et les autres. Dès le début de l’année 1955, la tâche principale était
de convaincre les populations du bon droit de l’action armée par une campagne
d’information et de sensibilisation car personne ne connaissait encore par qui
la révolution est déclenchée. Les premiers commissaires politiques chargés de
cette action ont été choisis pour leur connaissance du terrain et leur grand
savoir-faire en matière de récupération psychologique des populations. Le
Congrès de la Soummam, qui a été préparé dans la plus grande clandestinité, à
quelques kilomètres des postes militaires français de Taourit, Akbou, Takrietz
et Seddouk, a été une réussite complète et s’est déroulé sans aucun incident
notable. De ce fait, grâce à l’application des résolutions et à la nouvelle
organisation de la wilaya, la lutte armée s’est amplifiée et des succès
importants ont été remportés tout au long des années 1956 et 1957.»
Le
moudjahid Adjaoud se souvient encore de tous les détails, même minimes, en
ajoutant : «C’est aussi après le Congrès de la Soummam que de grandes
opérations aéroportées ont été déclenchées, croyant que les ‘chefs rebelles’
étaient encore là. L’opération «Duffour», qui a commencé dans la vallée de la
Soummam, s’est terminée aux confins des Bibans et sur les hauts plateaux de
Sétif et Bordj Bou-Arréridj sans qu’aucun de nos responsables ne soit touché.»
Abordant le côté renseignement et communication lors de la guerre de Libération,
l’orateur précisera : «En ce qui concerne la propagande, il existe au niveau de
la wilaya au PC d’Akfadou et de Bounaâmane un service de presse très
efficace.
Des tracts sont souvent diffusés à l’intention des populations et des
moudjahidine et le journal El Moudjahid paraît mensuellement. Ce journal
rapporte les actions militaires de l’Armée de libération nationale (ALN) et les
atrocités commises par l’armée française. Il relate également l’activité
diplomatique de nos dirigeants à l’extérieur. Il faut préciser qu’en ce qui
concerne le service de presse, le colonel Amirouche a regroupé tous les
intellectuels qui se trouvaient au maquis pour en faire des conseillers et
diriger ce service au niveau de la wilaya. Parmi eux, je citerai Tahar
Amirouchène, Hocine Sahli, maître Benabid Youcef, le professeur Amardjia, les
instituteurs Hamel, Ferhani ; il y en avait d’autres car l’état-major du
colonel Amirouche était très important.»
M. Laouer. El Moudjahid
01-11-2012
Texte :
Depuis toute petite, j’ai
été baignée de récits sur la guerre d’Algérie. Chaque fois que je me
retrouve avec ma grand-mère et le mot « guerre » retentit, cela lui remémore de
mauvais souvenirs. Les horreurs qu’elle a vues ou subies m’ont fait vivre cette
guerre à travers ses histoires, sa mémoire. Des images qu’elle n’oubliera
jamais.
« A
l’époque j’avais 15 ans, c’était en 1955 à Biskra. Pendant 40 jours, on nous a
interdit de fermer la porte de chez nous. L’armée française entrait en pleine
nuit, nous réveillait en sursaut, tirait nos couvertures, nous giflait, pour
qu’on leur dise où se cachaient les membres du FLN. On n’avait pas le droit de
protester sinon on se prenait des coups.
« Et ils n’y allaient pas de main morte. Pour nous rabaisser, ils
allaient dans la cuisine, prenait nos aliments. Ils en faisaient un tas au
sol et ils marchaient dessus. On
pleurait, car privés de nourriture, sans emploi, obligés de suivre les ordres
des Français, nous n’allions pas manger pendant des jours…
« Ils essayaient par tous les moyens de nous montrer qu’ils étaient
plus forts que nous. A 6 heures du matin, les parachutistes nous faisaient
sortir de force de nos maisons et jusqu’à 21 heures, nous n’avions pas le droit
d’y entrer. On nous laissait sans boire ni manger comme des
animaux. On nous prenait nos terres et les harkis dénonçaient leurs frères de
pays. »
A
chaque fois qu’elle parle de cela, des larmes inondent ses yeux. Ses lèvres se
pincent et je sens de la haine l’envahir. Un acte horrible s’est déroulé sous ses yeux. Elle me raconte : « Ma
fille, j’ai vu deux soldats français qui regardaient une femme enceinte de 7
mois, ils se demandaient, c’est une fille ou un garçon ? Ils pariaient dessus
et d’un coup sec, sans hésitation, lui ouvraient le ventre, en disant “Ah tu
vois c’est moi qui avais raison”.
Elle
ajoute : « Ils attrapaient des hommes au hasard, les soupçonnant de
faire partie du FLN et les électrocutaient en riant. Jusqu’à la mort. Un jour,
chez nos voisins, nous avons vu l’armée française entrer d’un coup, fusil en
main. C’était une mère veuve qui avait trois fils. Un harki avait dit à l’armée
que ses fils étaient membres du FLN. Un par un, ils ont été tués devant leur
mère. Le chagrin et les nerfs l’ont tellement fait pleurer
qu’elle est devenue aveugle. »
« Des horreurs, elle en a vu. Peut-être que dans un an, j’en
saurai plus à force de tomber sur des histoires de la guerre d’Algérie à la
télévision ou à la radio. Jusqu’à présent la mémoire pleine, ma grand-mère
n’oubliera jamais les atrocités dont elle a été témoin quand elle avait 15 ans.
Malheureusement, elle est déçue car la France ne veut pas reconnaitre les massacres qu’elle a commis et qu’elle
donne ce qu’elle doit à tous ces tirailleurs algériens qui ont combattu aux
côtés de la France durant les guerres du 20e siècle. »
Inès
El Laboudy, publié dans Liberté le mardi 14 décembre 2010.
La
journée du Moudjahid
La
célébration de cette journée dédiée au Moudjahid en commémoration de deux dates
importantes dans l’histoire de la lutte du peuple Algérien, procède de
l'intérêt accordé à ses valeurs intrinsèques qui illustrent sa force de combat
pour la patrie et la liberté.
Cette occasion mémorable nous amène à méditer le haut génie qui a
inspiré la génération de Novembre et qui a permis d'amorcer un tournant décisif
dans l'histoire de notre glorieuse guerre, à travers deux dates historiques
celles du 20 août 1955 et du 20 août 1956 qui donnèrent lieu à des résultats
importants et positifs sur les plans interne et externe.
Il est aussi important d'évoquer le contexte historique du 61ème
anniversaire de la tenue du congrès de la Soummam et du 62ème anniversaire de
l’offensive du Nord-Constantinois pour mettre en exergue leur portée et leur
dimension symboliques et contempler la grandeur des réalisations accomplies par
le peuple algérien qui a soutenu ses dirigeants à une époque difficile et avec
des moyens personnels.
L’offensive dans la région du Nord-Constantinois en août 1955 a montré
la témérité de nos vaillants moudjahidines et la clairvoyance de leurs
glorieux chefs. Elle a révélé la parfaite fusion du peuple algérien avec
l’Armée de libération nationale (ALN) composée de ses enfants, une fusion qui a
formellement contribué à convaincre le monde que le combat libérateur déclenché
le 1er novembre 1954 était la lutte d'un peuple tout entier.(…)
En effet, notre glorieuse révolution a eu le mérite de briser le mur de
l'hégémonie* imposée aux peuples opprimés dans différentes contrées du monde. Elle
a contribué à consacrer le droit des peuples colonisés à la liberté et à
l'indépendance, à travers la fameuse résolution des Nations Unies de décembre
1960.
Le peuple algérien valeureux et reconnaissant à
ce jour envers les frères et amis qui ont soutenu sa glorieuse
révolution, est l'artisan d'une guerre exceptionnelle qu'il a menée grâce aux
sacrifices incommensurables de citoyens innocents et des vaillants chouhada.
(…)
En
dépit des différentes analyses et lectures faites autour du Congrès de la
révolution (le 20 août 1956), il reste qu'il s'agit d'un événement à marquer
d'une pierre blanche dans l'épopée *de la glorieuse révolution de Novembre
1954.
Extrait du message du M . Abdelaziz
Bouteflika, publié le 20/08/2017.
Hymne
National, L'ode à la fierté
L'Algérie
ne serait pas ce qu'elle est sans Kassaman, son vibrant et flamboyant hymne
national. Le texte écrit par le grand poète Moufdi Zakaria est une charge
révolutionnaire dont les mots explosent dans un bombardement lyrique d'une
puissance fabuleuse. Même les lettres choisies par le chantre de la guerre de
Libération renferment une énergie volcanique et coulent en lave incandescente.
L'auteur
de L'Iliade algérienne a composé ses vers avec une fougue guerrière qui n'admet
ni retraite ni défaite. Avec une étonnante prémonition, il a choisi des
couplets de six vers en plus d'un refrain comme s'il savait que le combat pour l'indépendance
allait durer sept ans. Il a en outre disposé ses cinq strophes qui symbolisent
les cinq wilayas historiques en batteries de canons et les a faits rugir avec
le souffle des ouragans. […] proclamait-il « Nous avons décidé que l'Algérie
vivra. Témoignez !».
Cette
ode épique a également une histoire politique sur laquelle les avis divergent.
Certains croient savoir que Moufdi Zakaria a rédigé Kassaman en une nuit alors
qu'il se trouvait à la prison de Barberousse d'Alger. D'autres disent que c'est
son ami Abane Ramdane qui lui avait demandé d'écrire l'hymne de la révolution.
Selon Lakhdar Rebbah, la décision a été prise en juin 1955 au quartier de
Belcourt lors d'une réunion qui avait regroupé Krim Belkacem, Benyoucef
Benkhedda, Bouda, Amara Rachid et Abane Ramdane.
La
composition musicale de l'oeuvre a été confiée en avril 1956 à l'artiste
Mohamed Touri, mais n'a pas été retenue |…]. Mohamed Triki, le compositeur
tunisien a lui aussi tenté de la mettre en musique, mais sa version a également
été rejetée […]. C'est finalement au chanteur et compositeur égyptien Mohamed
Fawzi qu'échoira, à la fin 1956, l'honneur de la composition musicale de
Kassaman. […]. Avec les modifications de Haroun Rachid, le poème de Moufdi
Zakaria deviendra en 1963 l'hymne national officiel de l'Algérie indépendante
et fera vibrer le cœur des Algériens à diverses occasions.
Par Mohamed
BADAOUI, l’Expression - Mercredi 01 Novembre 2017
Texte :
La philosophie du colonialisme
Français dans sa conquête de l’Algérie
La stratégie et les
objectifs du colonialisme français dans l’occupation de l’Algérie s’illustrent
parfaitement à travers les déclarations de la plupart des conquérants français,
notamment les officiers de l’armée coloniale. Les dites déclarations traduisent
la haine indicible que vouaient les colonisateurs aux arabes musulmans
algériens, authentiques propriétaires de cette terre sacrée(…)
Le colonel Montagnac a
dit : « Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux
Arabes. Tuer tous les hommes jusqu' à l’âge de quinze ans, prendre toutes les
femmes et les enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux îles
Marquises ou ailleurs; en un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos
pieds comme des chiens. »(…). Le Général De Rovigo : « puisque
on ne les civilisera pas, il faut les refouler loin comme des bêtes
féroces qui abandonnent le voisinage des
lieux habités(…)»
Ferhat Abbas a écrit: « Lorsqu’un Algérien dit qu’il
est Arabe, les juristes français lui répondent : Non, tu es Français !
Et lorsqu’il vient réclamer les mêmes droits accordés aux Français,
les mêmes juristes lui rétorquent : C’est impossible, tu es Arabe !...
Aux yeux de la loi coloniale, il n’est plus Algérien et n’est pas encore
Français. Non, il n'est rien, au plan national ou civil. Il est désormais
dépourvu de tout. C’est-à-dire qu’il n'est chez lui, ni en Algérie, ni
en France, ni n’a aucune patrie nulle part ailleurs. C’est ici que
réside la réalité du drame vécue par les Algériens et dont découlent tous les autres
drames ».
La stratégie de
l’occupant colonial visant à exterminer tous les habitants autochtones
d’Algérie, appelés « indigènes
musulmans », s’est soldée par la mort de plus de 6 millions d’Algériens
durant la période allant de 1830 à 1872, à travers les tueries massives,
préméditées et organisées qu’il a perpétrées dans toutes les régions du pays
sans exception et en laissant les épidémies faire des ravages dans la
population locale(…)
C’est sur ces
méthodes que la France coloniale a fondé sa stratégie de conquête,
d’occupation et de colonisation de l’Algérie, en codifiant le pillage de ses
richesses, l’asservissement de ses enfants, leur appauvrissement à la limite de
la famine. Profitant de leur détresse incommensurable, les autorités coloniales
n’ont pas hésité à incorporer les jeunes Algériens de force pour aller
défendre les couleurs de la France impériale sur les champs de bataille qui
faisaient rage dans le vieux continent, de 1870 à 1945.
Par Aissa Kasmi (ancien cadre supérieur de la DGSN)
In Mémoria, n°41, Novembre 2015
Texte :
La grève insurrectionnelle
Une
effervescence régnait dans le quartier. Apparemment, un évènement se préparait.
Je découvris pour la première fois un tract de l’organisation du FLN que Hocine
me remit pour le lire et le diffuser discrètement. Il était demandé à la
population de se préparer à observer une grève générale de huit jours à partir
du 27 février 1957, date à laquelle l’Assemblée générale de l’ONU devait
débattre de la question algérienne.
Les
cellules de résistants qui, jusque-là, activaient clandestinement, sortirent
pour expliquer aux gens ce mouvement qui allait constituer, pour les
moudjehidine, du djebel ou de la ville, un acte de solidarité majeur et
encouragement envers le mouvement de libération nationale, contredisant
l’allégation coloniale selon laquelle le peuple algérien n’était pas solidaire
des rebelles qu’elle appelait « fellagas ».
Le jour
J, la Casbah était méconnaissable. J’avais le sentiment d’être dans un autre
monde. C’était une ville morte. La rue Randon présentait un visage inhabituel
avec ses rideaux baissés. Au fond, chacun était conscient que les forces armées
et la police coloniale n’allaient pas demeurer les bras croisés. Une riposte se
préparait à coup sûr. Discrètement, la population s’organisa pour assurer une
surveillance de jour comme de nuit, guettant le moindre mouvement dans le camp
ennemi.
La
réaction de l’armée ne se fit pas attendre. Elle fut brutale, sauvage, et le
colonialisme qui n’attendait qu’une occasion pour faire une démonstration de
force, ne s’en priva pas. Je découvrais sa véritable incarnation :
hideuse, raciste, convulsée à la fois de rage et de terreur. La grève des huis
jours sonna comme un démenti cinglant aux fantasmes d’une Algérie éternellement
française. Les portes défoncées à coups de crosses et coups de pied, des
rideaux de fer des magasins relevés ou arrachés de leurs rails ; les perquisitions
systématiques des maisons avec des arrestations massives de personnes sorties
de leurs domiciles quelques fois en pyjamas, pourêtre entassés comme du bétail
dans des camions militaires. Ce jour-là, je découvris la véritable nature
humaine. A une allure folle, les masques tombaient.
Les irréductibles de la Casbah
Rachid BELHOCINE, éd RAFAR,
Alger, 2013
pp 47, 48
Composition de français du premier trimestre.
Le 17 Octobre 1961. Ce jour-là, les
«indigènes de la République» (ouvriers de chez Renault, manœuvres de chantiers,
saisonniers, balayeurs de rues...) suite à l'appel du FLN, quittaient
massivement leurs bidonvilles pour converger vers le centre de la capitale
française. Accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants et bien habillés
pour la circonstance, ils s'en allaient protester pacifiquement en faveur de
l'indépendance de l'Algérie et marquer leur refus du couvre-feu unique que leur
avait imposé la préfecture de Paris, à partir de 17 heures. Soudain,
l'insoupçonnable! La marche pacifique tourne au massacre, un enfer à ciel
ouvert, sous les yeux ébahis des badauds terrorisés ou complices. En un quart
de seconde, la marche pacifique se transforme en drame. Des dizaines de
cadavres gisent à même le sol. D'autres, sans défense seront amenés dans les
commissariats et sacrifiés sur l'autel de la bêtise.
Piétinant ses propres principes moraux et humains, la France venait
d'offrir au monde un aperçu du triste spectacle des atrocités qu'elle fait
endurer au peuple algérien qui réclame sa liberté.
«Il ne s'est presque rien passé, durant ce
mois d'octobre 1961» affirmaient, des années durant, des voix autorisées qui
avançaient le chiffre de deux morts et de quelques blessés. Il a fallu des
décennies de patience pour qu'enfin les langues se délient et que le chiffre de
deux cents morts soit avancé. Après avoir compulsé un grand nombre de documents
émanant de sources diverses, Jean Luc Einaudi affirme, dans son ouvrage sur
Octobre 1961, qu'il y a eu effectivement «massacre» durant deux mois et que le
préfet Papon en était le principal instigateur. La parole de l'historien a
finalement été t entendue. L'ex-préfet de Paris sera même débouté au procès qu'il
intenta à Einaudi. En fait, Octobre 61, n'était que l'aboutissement d'un
processus répressif cruel, entamé des années avant, par l'autorité française.
Mohamed
Bensaleh, Le Quotidien d’Oran, 16 octobre 2008
Les
premiers maquis
Dans des conditions particulièrement dures et complexes tant sur le plan
matériel que celui de l’organisation, face à une politique colonialiste faites
d’oppression et de pillage économique, le peuple algérien et ses véritables
militants révolutionnaires prirent la décision d’engager la lutte armée contre
le régime colonial.
Il fallait, par tous les moyens et au prix de tous les
sacrifices, liquider les bases de domination étrangère implorée par la force
depuis plus d’un siècle. Tout un peuple, fier de lui-même, de la grandeur de
son histoire, vivait quotidiennement sous le joug cruel d’une impitoyable
colonisation et une armée qui transformait notre patrie en un
immense camp de concentration où les droits du peuple étaient bafoués, ignoré.
Aux revendications du mouvement patriotique répondirent les massacres, la
prison et un programme de dépersonnalisation généralisée.
Aussi la décision révolutionnaire fut
elle d’une portée considérable dans la vie et dans l’histoire du peuple
algérien. Ayant à sa tête une avant-garde révolutionnaire guidée par le FLN, il
décida d’entamer la bataille de la libération.
Le 1 novembre 1954, avec les premiers coups de fusil des premiers
combattants, illumine le ciel de la patrie. L’organisation révolutionnaire
renouvela le potentiel d’enthousiasme et de combativité des ouvriers et des
paysans mais elle provoqua la surprise
et la haine des colonialistes. Rien ne pouvait plus bloquer le processus implacable
découlant du choix des partisans de la
lutte armée : le combat au cœur des maquis.
Ainsi, les dirigeants du FLN et
d’autres responsables ou simple moudjahidine se lancèrent à l’assaut du système
oppresseur. Ces combattants de la première heure firent
l’impossible pour le succès de l’entreprise révolutionnaire tout en améliorant
chaque jour leurs méthodes d’action dans les différents domaines de lutte.
Les groupes se formaient et
s’étendaient. Au début ils agissaient pratiquement d’une façon autonome et
comprenaient généralement douze personnes. Ils devaient donner l’impression à
l’ennemie qu’il était en présence d’un adversaire nombreux et organisé. Pour
cela, il fallait frapper vite, fort et se déplacer aussitôt vers d’autres
lieux.
Les forces colonialistes ont tout fait pour étouffer la révolution, mais
les attaques se réalisaient et se succédaient à u rythme rapide. Les premiers
martyres tombaient et les embuscades les vengeaient. Maintenant la guerre
nécessitait des moyens plus appropriés (arme, armée…) et devenait pénible et
surtout inégale face aux moyens colossaux de l’ennemie…
Yousefi. El watan, Octobre 2010- 20èmeanniversaire
du déclenchement de la révolution
Texte :
La déclaration du 1er novembre 1954 montre,
d’une façon explicite, la volonté des Algériens de casser le joug du
colonialisme, par les armes, pour arracher leur liberté. Le déclenchement de la
guerre de libération était le thème "principal et unique" retenu
"à l’unanimité" lors de la réunion historique du groupe des 22 en
juin 1954 à Alger. Les participants à cette réunion, ont accepté "à
l’unanimité et avec enthousiasme" le passage à la lutte armée, parce
qu’ils étaient convaincus que c’était le seul moyen de se libérer du joug
colonial.
La date du déclenchement de la lutte armée
était "minutieusement préparée" et constituait "un pas
grandiose" accompli par le peuple algérien pour le recouvrement de la
liberté spoliée et la concrétisation de l’indépendance. La répression et les
souffrances subies au quotidien ont poussé le peuple algérien à accueillir la
lutte armée "avec une joie immense". La révolution algérienne s’est
distinguée des autres révolutions par ses principes et sa détermination. A
Mostaganem, l’évènement est d’autant plus important, pour sortir les martyrs du
Dahra de l’oubli. Appelé nuit de la Toussaint par les coloniaux, nuit de
l’espoir pour le peuple Algérien, qui a fait battre le cœur de ces hommes.
Premier coup de feu, à 23 heures 45 en cette veille de novembre
et pour être précis le 31octobre, sur le nommé Laurent qui se dirigeait
vers Khadra (ex Picard située à prés de 80km de Mostaganem). Il sera aussi le
mois de la déferlante coloniale, et des arrestations de Belhamiti, Sahraoui
Aek, Meziane Boutaiba, Senouci, Hassaine, et ce, dès les premiers jours. Cet
interlude historique, sera ponctué par de nombreux crimes perpétrés contre des
civils par l’autorité coloniale dans la région de Sidi Ali « ex Cassaigne »,
Hadjadj « ex Bosquet », Benabdelmalek Ramdane « ex Ouillis », Sidi Lakhdar « ex
Lapasset », Douar Esmara, Ouled El Hadj pour ne citer que ceux-là. Dans cette
région les coloniaux, tuaient pour le plaisir et c’est ce qui ressort de
certains témoignages, surtout concernant le Criminel De Jeanson, propriétaire à
l’époque d’une ferme aux abords de Hadjadj plage (ex Bosquet). Il sera
l’auteur de nombreux crimes perpétrés contre la population de Hadjadj,
commettant des assassinats, et c’est dans la forêt d’Ain Brahim plage, qu’il
s’adonnait à son jeu de massacre, à savoir tuer des innocents.
La région de Sidi Ali « ex Cassaigne » quant à
elle s’illustrait par son camp de la mort où les prisonniers subissaient les
pires tortures, disparaissaient ou assassinés sans aucune forme de procès.
Connue pour être une zone très sensible, l’armée coloniale y
était concentrée, de par le renforcement des unités de spahis et du 2ème bureau
réputés pour leurs atrocités. Le choix de ce camp dans la Région, n’était pas
fortuite pour ne pas oublier de citer entre autres la prison d’Oued El Kheir
située à point zéro aussi réputée pour les tortures et les sévisses.
Kamel.M .El watan-. Mardi 30 Octobre 2012
Composition de français du 1er trimestre
19
juin 1956 : pour la première fois
dans cette guerre, la guillotine entre
en action. Zabana et Ferradj ont la tête coupée, au nom de la loi française.
Ainsi, le statut de combattants de guerre ne sera pas réservé aux
nationalistes.
Djamila Briki, qui fut, aux premiers jours de juillet 62, ma première
amie de la Casbah, livre ses souvenirs qui seront heureusement consignés avec
ceux de plusieurs autres Algériennes par
Djamila Minne- Amrane_ sur les nouveaux rites funéraires qui
s’instaurent aux portes de la prison Barberousse : « Les
familles des condamnés à mort allaient tous les matins à Barberousse, car,
lorsqu’il y avait des exécutions, c’était affiché sur la porte. Nous
allions tous les matins pour voir s’il y avait ces fiches
blanches sur la porte ; des fois, il y en avait trois, quatre, chaque
exécuté avait sa fiche personnelle. Nous n’étions jamais prévenues, il fallait
aller lire les noms sur la porte. C’était la chose la plus horrible. Et
l’eau !... Quand il y avait plein d’eau devant la porte, c’était parce qu’ils
avaient nettoyé le sang à grande eau avec tuyau. »
Peu
après, un gardien sortait et appelait la famille du guillotiné de l’aube :
il rendait les affaires personnelles du mort à sa femme ou à sa mère. Les
femmes ne pleuraient pas ; leurs compagnes, venues aux nouvelles, les
entouraient et allaient ensuite jusque chez elles pour la viellée religieuse.
Le
corps de l’exécuté n’était jamais remis aux siens ;
l’administration pénitentiaire se chargeait seule de l’inhumation au cimetière
d’El-Alia. On ne donnait que le numéro de la tombe aux femmes qui s’y rendaient
le lendemain.
Assia
Djebar, Le Blanc de l’Algérie, éditions Albin Michel,
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