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Composition du premier trimestre

Le génocide perpétué par l’armée coloniale le 08 mai 1945 a été l’un des prix payés par les Algériens en quête d’indépendance.
         Le 08 mai 1945 coïncide avec le jour de la libération des français du joug nazi. Une victoire de la France et de ses alliés, à laquelle, avaient contribué des milliers d’Algériens en offrant leur sang pour que vivent en paix des millions de français.
         Malheureusement, ces «indigènes » musulmans devaient à leur tour être «remerciés » par la voie de sacrifice, car l’ordonnance du 07 mars 1944 de De gaulle avait oublié les promesses faites. Elles n’étaient que chimères. Les Algériens connaîtront pendant une dizaine de jour de sanglantes répressions dans les villes de Sétif, Kherrata, Guelma et beaucoup d’autres régions payeront fortement le prix avec l’extermination de 45000 civiles.
         Ainsi, dans la matinée du 08 mai 1945, pour célébrer la chute de l’Allemagne nazi, les nationalistes algériens du manifeste de la liberté de Ferhat Abbas et du PPA (dissous) de Messali Hadj organisent un défilé à Sétif avec les drapeaux alliés en tête. Bouzid Sâal refuse de baisser le drapeau Algérien qu’il porte et est abattu par un policier. Cet acte déclenche une émeute suivie d’une répression atroce.
         A Sétif, Guelma, Kherrata, de terribles massacres sont enregistrés parmi la population civile…
         A Guelma, les B23 ont mitraillé des journées entières tout ce qui bougeait. La répression judiciaire allait déboucher sur 7400 arrestations et 151 condamnations à mort. Un massacre qui, ni plus ni moins, allait jouer un grand rôle dans le déclanchement de la guerre de libération nationale en novembre 1954.
Afin que nul n’oublie. 
                               Chérif Abdedaim
La nouvelle République du 08 / 05 / 2006





            Texte :

Ce jour du 08 mai, de grandes manifestations furent organisées par le PPA. A travers tous le pays, l'Algérie défila en scandant dignement: "A bas le colonialisme!" " Vive l'Algérie indépendante!" A l'exemple du 1er mai, les manifestations eurent un caractère pacifique, et partout où les forces de police ne n'interposaient pas, tout se déroule dans l'ordre et le calme absolu.
  Puis, ce fut la provocation, l'éclatement: "c'est à la suite de l'intervention des policiers et des soldats dans les villes de garnisons que les bagarres commencèrent." Avoua Henri Benzet. Le colonat animé par la haine et la violence, donna libre cours à ses instincts les plus bas. Les massacres eurent lieu dans le constantinois, d'où Ferhat Abbès témoigna de Sétif, sa ville: "le 08 mai 1945, est un mardi, c'est le marché hebdomadaire. La ville de Sétif abrite ce jour là, entre cinq et quinze mille fellahs et commerçants venus des régions les plus éloignées ….
 Dans cette cité, le cortège, parfaitement organisé et autorisé par les autorités à son départ de la mosquée, parvint son incident jusqu'au niveau du café de France.
        Là, aux alentours, des cars chargés de policiers étaient postés et prêts à intervenir (…) Alors le scénario se déroula furieusement, et la fusillade commença. La loi martiale fut proclamée, nul ne put circuler. Tout Algérien était abattu, impitoyablement. Le ratissage s'opéra sauvagement et sans frein. C'était l'hystérie. Tout se mêla et se confondit. Le sang appela le sang ; tout indigène, citadin ou rural, loyaliste ou militant, était considéré comme une victime qu'il fallait abattre sans pitié…".
                                                                  M. Yousfi,  L’Algérie en marche, Enal Ed, 1983
C’est en tant que combattants ou travailleurs, que les Algériens ont participé à la première guerre mondiale. Jusqu’en 1912, leur recrutement militaire s’était fait par engagement.
       La masse des Algériens restait hostile à la conscription ; des jeunes refusaient de se présenter devant les conseils de révision, à Ain Touta par exemple, vingt-cinq seulement répondirent sur quatre cents appelés. Dans de nombreuses villes, particulièrement dans l’Oranie, à Tlemcen, Remchi, Nedroma, des manifestations eurent lieu. Les mozabites installés dans le nord rejoignirent le Mzab pour échapper à la conscription. L’administration réprima sévèrement les manifestants.
      Il y eut au total 173.019 Algériens mobilisés sur la durée de la guerre, soit 3,7% de la population dont 120.000 à 125 000 combattirent sur les différents fronts : 25.000 d’entre eux furent tués et plus de 25.000 blessés. Du côté des Français européens d’Algérie, 73.000 furent mobilisés et 13.000 tués.
     Au début de la guerre, il y avait 13.300 travailleurs en France. Le développement des usines de guerre, la pénurie d’ouvriers, le manque de bras pour creuser les tranchées de seconde ligne nécessitaient l’utilisation de la main d’œuvre coloniale. Recrutement par l’administration et recrutement privé amènent en France de nombreux travailleurs Algériens. Il y en eut durant toute la guerre plus de 109.000. Le recrutement des travailleurs rencontra des réticences dans de nombreuses régions mais surtout l’opposition des colons désirant se réserver une main d’œuvre à bon marché. Ainsi, pour les divers besoins de la guerre, le pouvoir colonial a pu prélever près de 300.000 Algériens.
      Loyalisme ou résistance, la question doit être posée. Il y eut certes de nombreux soldats algériens pour combattre dans l’armée française, mais aussi des résistances et des désertions. Dans l’armée, les Algériens n’étaient pas traités comme les Français. Ils faisaient l’objet d’une surveillance continuelle, leur correspondance était contrôlée, on se méfiait des « officiers indigènes », et la discrimination joua dans l’octroi de permissions, d’où des manifestations et même des désertions. Les ouvriers quant à eux furent encadrés et employés surtout dans les fonderies, les cartoucheries, les parcs d’artilleries, les usines de produits chimiques…

Mahfoud KADDACHE « L’Algérie des Algériens, de la préhistoire à 1954 »
EDIF 2000, Année de parution : 2003.

Texte :
Ma guerre d’Algérie
J’ai 4 ans en 1945 quand la guerre se termine ; quelques années plus tard mes parents m’ont parlé des tickets de rationnement,  des alertes aux bombardements, des marches dans la campagne pour aller se réfugier dans les fermes, des avions bombardant la ligne de chemin de fer  située à 1 kilomètre ; des patrouilles allemandes et des barrages. J’ai compris que je fus un enfant dans la guerre… la seconde « mondiale », celle des fours crématoires de funeste mémoire.
Depuis l’âge de 16 ans, j’avais manqué aucune manifestation contre la guerre d’Algérie, je reçois, à 20 ans à peine, ma feuille de mobilisation pour l'Algérie. Le train qui nous conduit à Marseille est arrêté par une manifestation au milieu de Partis Politiques et de Rappelés contre la Guerre d'Algérie, la manifestation dégénère, il y a des personnes en travers des voies… Quelques heures plus tard nous sommes à Marseille… et l’attente pour l’embarquement vers l’Algérie (française).  
Alors que j'arrive en civil sur cette terre déchirée par plus de 5 ans… d’une guerre qui ne voulait pas dire son nom, je ne me doute pas qu'au même moment, un autre garçon de mon âge prend lui le chemin du Djebel pour défendre sa Liberté… la vraie… celle de débarrasser son Pays du colonialisme.
Arrivant dans un pays  où je ne vois que des exploités et des dominés, les souvenirs de mon enfance me remontent à la mémoire, je sens que je vais être obligé de faire des choses  contraires à mon idéal de paix et de tolérance, j'ai déjà le sentiment de ne pas me trouver du bon côté, comme les Allemands en France, j'ai participé aux opérations de contrôle, les armes à la main , j'ai fouillé au corps «des hommes qui pouvaient être mon père, mon grand père                                                                    
 J'avais honte d'être là, je sentais que leur histoire allait devenir la mienne, c'est vrai comme me disait un pied noir, qu'ils avaient repoussés les lions qui étaient aux portes d'Oran, sous entendant, que leur présence avait contribué au développement du pays, OUI, c'est vrai, il y avait les hommes et les sous hommes ceux qui commandaient et ceux qui travaillaient dans les régions déjà développées, pour le reste, c'était encore le désert, OUI l'injustice et les inégalités étaient criantes. Oui j'ai connu des gens, qui se croyaient supérieurs et qui traitaient les "Indigènes" de quantités  négligeables… Le comble du comble lorsque j’ai appris que la France coloniale utilisait, à la manière des nazis… des fours crématoires… les fours à chaux… pour brûler des corps…
OUI j’ai compris que je n’étais pas du bon côté… et j’avais honte !!!
De retour en France, j'ai eu beaucoup de difficulté à me réadapter à la vie civile, je trouvais difficilement le sommeil, le moindre bruit me faisait réagir… Ma participation à cette guerre d’Algérie et mon statut de combattant, je ne l’ai pas choisi, je l’ai donc subi et je le regrette

                           Michel Dandelot  «  La guerre d’Algérie » Bernard Crochet et Gérard Piouffre Nov'edi



Texte :

        La Révolution armée déclenchée en novembre 1954 a permis à tout le peuple algérien de s’unir comme un seul homme debout pour affronter l’ennemi. Toutes les régions du pays se sont mobilisées autour des moudjahidines qui ont mené une lutte héroïque pour que le drapeau algérien flotte, aujourd’hui, à travers le pays et dans le monde. Le moudjahid Rachid Adjaoud témoigne de cette guerre menée dans la région de la Soummam, jadis nommée Petite Kabylie. Il dira à cet effet : «La lutte pour la libération dans la vallée de la Soummam a commencé dès le début du déclenchement de la Révolution. Les premiers militants qui étaient structurés au sein de l’Organisation secrète 5 ou dans le parti MTLD- PPA furent les précurseurs des actions politiques et militaires dans la région, à l’exemple de Abderrahmane Mira, Si Hemimi Fadhel, Si Mohand Akli Naït Kabbache et les autres. Dès le début de l’année 1955, la tâche principale était de convaincre les populations du bon droit de l’action armée par une campagne d’information et de sensibilisation car personne ne connaissait encore par qui la révolution est déclenchée. Les premiers commissaires politiques chargés de cette action ont été choisis pour leur connaissance du terrain et leur grand savoir-faire en matière de récupération psychologique des populations. Le Congrès de la Soummam, qui a été préparé dans la plus grande clandestinité, à quelques kilomètres des postes militaires français de Taourit, Akbou, Takrietz et Seddouk, a été une réussite complète et s’est déroulé sans aucun incident notable. De ce fait, grâce à l’application des résolutions et à la nouvelle organisation de la wilaya, la lutte armée s’est amplifiée et des succès importants ont été remportés tout au long des années 1956 et 1957.»
    Le moudjahid Adjaoud se souvient encore de tous les détails, même minimes, en ajoutant : «C’est aussi après le Congrès de la Soummam que de grandes opérations aéroportées ont été déclenchées, croyant que les ‘chefs rebelles’ étaient encore là. L’opération «Duffour», qui a commencé dans la vallée de la Soummam, s’est terminée aux confins des Bibans et sur les hauts plateaux de Sétif et Bordj Bou-Arréridj sans qu’aucun de nos responsables ne soit touché.» Abordant le côté renseignement et communication lors de la guerre de Libération, l’orateur précisera : «En ce qui concerne la propagande, il existe au niveau de la wilaya au PC d’Akfadou et de Bounaâmane un service de presse très efficace.           
        Des tracts sont souvent diffusés à l’intention des populations et des moudjahidine et le journal El Moudjahid paraît mensuellement. Ce journal rapporte les actions militaires de l’Armée de libération nationale (ALN) et les atrocités commises par l’armée française. Il relate également l’activité diplomatique de nos dirigeants à l’extérieur. Il faut préciser qu’en ce qui concerne le service de presse, le colonel Amirouche a regroupé tous les intellectuels qui se trouvaient au maquis pour en faire des conseillers et diriger ce service au niveau de la wilaya. Parmi eux, je citerai Tahar Amirouchène, Hocine Sahli, maître Benabid Youcef, le professeur Amardjia, les instituteurs Hamel, Ferhani ; il  y en avait d’autres car l’état-major du colonel Amirouche était très important.»                                            
                                                                                   M. Laouer. El Moudjahid  01-11-2012


Texte :
 Depuis toute petite, j’ai été baignée de récits sur la guerre d’Algérie. Chaque fois que je me retrouve avec ma grand-mère et le mot « guerre » retentit, cela lui remémore de mauvais souvenirs. Les horreurs qu’elle a vues ou subies m’ont fait vivre cette guerre à travers ses histoires, sa mémoire. Des images qu’elle n’oubliera jamais
    « A l’époque j’avais 15 ans, c’était en 1955 à Biskra. Pendant 40 jours, on nous a interdit de fermer la porte de chez nous. L’armée française entrait en pleine nuit, nous réveillait en sursaut, tirait nos couvertures, nous giflait, pour qu’on leur dise où se cachaient les membres du FLN. On n’avait pas le droit de protester sinon on se prenait des coups.
  «  Et ils n’y allaient pas de main morte. Pour nous rabaisser, ils allaient dans la cuisine, prenait nos aliments. Ils en faisaient un tas au sol  et ils marchaient dessus. On pleurait, car privés de nourriture, sans emploi, obligés de suivre les ordres des Français, nous n’allions pas manger pendant des jours…
   «  Ils essayaient par tous les moyens de nous montrer qu’ils étaient plus forts que nous. A 6 heures du matin, les parachutistes nous faisaient sortir de force de nos maisons et jusqu’à 21 heures, nous n’avions pas le droit d’y entrer. On nous laissait sans boire ni manger comme des animaux. On nous prenait nos terres et les harkis dénonçaient leurs frères de pays. »
   A chaque fois qu’elle parle de cela, des larmes inondent ses yeux. Ses lèvres se pincent et je sens de la haine l’envahir. Un acte horrible s’est  déroulé sous ses yeux. Elle me raconte : « Ma fille, j’ai vu deux soldats français qui regardaient une femme enceinte de 7 mois, ils se demandaient, c’est une fille ou un garçon ? Ils pariaient dessus et d’un coup sec, sans hésitation, lui ouvraient le ventre, en disant “Ah tu vois c’est moi qui avais raison”.
   Elle ajoute : « Ils attrapaient des hommes au hasard, les soupçonnant de faire partie du FLN et les électrocutaient en riant. Jusqu’à la mort. Un jour, chez nos voisins, nous avons vu l’armée française entrer d’un coup, fusil en main. C’était une mère veuve qui avait trois fils. Un harki avait dit à l’armée que ses fils étaient membres du FLN. Un par un, ils ont été tués devant leur mère. Le chagrin et les nerfs l’ont tellement fait pleurer qu’elle est devenue aveugle. »
   «  Des horreurs, elle en a vu. Peut-être que dans un an, j’en saurai plus à force de tomber sur des histoires de la guerre d’Algérie à la télévision ou à la radio. Jusqu’à présent la mémoire pleine, ma grand-mère n’oubliera jamais les atrocités dont elle a été témoin quand elle avait 15 ans. Malheureusement, elle est déçue car la France ne veut pas reconnaitre  les massacres qu’elle a commis et qu’elle donne ce qu’elle doit à tous ces tirailleurs algériens qui ont combattu aux côtés de la France durant les guerres du 20e siècle. »
                                                     Inès El Laboudy, publié dans Liberté le mardi 14 décembre 2010.

La journée du Moudjahid
            La célébration de cette journée dédiée au Moudjahid en commémoration de deux dates importantes dans l’histoire de la lutte du peuple Algérien, procède de l'intérêt accordé à ses valeurs intrinsèques qui illustrent sa force de combat pour la patrie et la liberté.
          Cette occasion mémorable nous amène à méditer le haut génie qui a inspiré la génération de Novembre et qui a permis d'amorcer un tournant décisif dans l'histoire de notre glorieuse guerre, à travers deux dates historiques celles du 20 août 1955 et du 20 août 1956 qui donnèrent lieu à des résultats importants et positifs sur les plans interne et externe.
           Il est aussi important d'évoquer le contexte historique du 61ème anniversaire de la tenue du congrès de la Soummam et du 62ème anniversaire de l’offensive du Nord-Constantinois pour mettre en exergue leur portée et leur dimension symboliques et contempler la grandeur des réalisations accomplies par le peuple algérien qui a soutenu ses dirigeants à une époque difficile et avec des moyens personnels.
           L’offensive dans la région du Nord-Constantinois en août 1955 a montré la témérité de nos vaillants moudjahidines et la clairvoyance de leurs glorieux chefs. Elle a révélé la parfaite fusion du peuple algérien avec l’Armée de libération nationale (ALN) composée de ses enfants, une fusion qui a formellement contribué à convaincre le monde que le combat libérateur déclenché le 1er novembre 1954 était la lutte d'un peuple tout entier.(…)
         En effet, notre glorieuse révolution a eu le mérite de briser le mur de l'hégémonie* imposée aux peuples opprimés dans différentes contrées du monde. Elle a contribué à consacrer le droit des peuples colonisés à la liberté et à l'indépendance, à travers la fameuse résolution des Nations Unies de décembre 1960.
             Le peuple algérien valeureux et reconnaissant à ce jour envers les frères et amis qui ont soutenu sa glorieuse révolution, est l'artisan d'une guerre exceptionnelle qu'il a menée grâce aux sacrifices incommensurables de citoyens innocents et des vaillants chouhada. (…)
            En dépit des différentes analyses et lectures faites autour du Congrès de la révolution (le 20 août 1956), il reste qu'il s'agit d'un événement à marquer d'une pierre blanche dans l'épopée *de la glorieuse révolution de Novembre 1954.                   
Extrait du message du M . Abdelaziz Bouteflika, publié le  20/08/2017.

Hymne National, L'ode à la fierté
L'Algérie ne serait pas ce qu'elle est sans Kassaman, son vibrant et flamboyant hymne national. Le texte écrit par le grand poète Moufdi Zakaria est une charge révolutionnaire dont les mots explosent dans un bombardement lyrique d'une puissance fabuleuse. Même les lettres choisies par le chantre de la guerre de Libération renferment une énergie volcanique et coulent en lave incandescente.
L'auteur de L'Iliade algérienne a composé ses vers avec une fougue guerrière qui n'admet ni retraite ni défaite. Avec une étonnante prémonition, il a choisi des couplets de six vers en plus d'un refrain comme s'il savait que le combat pour l'indépendance allait durer sept ans. Il a en outre disposé ses cinq strophes qui symbolisent les cinq wilayas historiques en batteries de canons et les a faits rugir avec le souffle des ouragans. […] proclamait-il « Nous avons décidé que l'Algérie vivra. Témoignez !».
Cette ode épique a également une histoire politique sur laquelle les avis divergent. Certains croient savoir que Moufdi Zakaria a rédigé Kassaman en une nuit alors qu'il se trouvait à la prison de Barberousse d'Alger. D'autres disent que c'est son ami Abane Ramdane qui lui avait demandé d'écrire l'hymne de la révolution. Selon Lakhdar Rebbah, la décision a été prise en juin 1955 au quartier de Belcourt lors d'une réunion qui avait regroupé Krim Belkacem, Benyoucef Benkhedda, Bouda, Amara Rachid et Abane Ramdane.
La composition musicale de l'oeuvre a été confiée en avril 1956 à l'artiste Mohamed Touri, mais n'a pas été retenue |…]. Mohamed Triki, le compositeur tunisien a lui aussi tenté de la mettre en musique, mais sa version a également été rejetée […]. C'est finalement au chanteur et compositeur égyptien Mohamed Fawzi qu'échoira, à la fin 1956, l'honneur de la composition musicale de Kassaman. […]. Avec les modifications de Haroun Rachid, le poème de Moufdi Zakaria deviendra en 1963 l'hymne national officiel de l'Algérie indépendante et fera vibrer le cœur des Algériens à diverses occasions.
Par Mohamed BADAOUI, l’Expression - Mercredi 01 Novembre 2017

Texte :
La philosophie du colonialisme Français dans sa conquête de l’Algérie


   La stratégie et les objectifs du colonialisme français dans l’occupation de l’Algérie s’illustrent parfaitement à travers les déclarations de la plupart des conquérants français, notamment les officiers de l’armée coloniale. Les dites déclarations traduisent la haine indicible que vouaient les colonisateurs aux arabes musulmans algériens, authentiques propriétaires de cette terre sacrée(…)

Le colonel Montagnac  a dit : « Voilà, mon brave ami, comment il faut faire la guerre aux Arabes. Tuer tous les hommes jusqu' à l’âge de quinze ans, prendre toutes les femmes et les enfants, en charger des bâtiments, les envoyer aux îles Marquises ou ailleurs; en un mot, anéantir tout ce qui ne rampera pas à nos pieds comme des chiens. »(…). Le Général De Rovigo : « puisque on ne les civilisera pas, il faut les refouler loin comme des bêtes féroces qui abandonnent  le voisinage des lieux habités(…)»

     Ferhat Abbas a écrit: « Lorsqu’un Algérien dit qu’il est Arabe, les juristes français lui répondent : Non, tu es Français ! Et lorsqu’il vient réclamer les mêmes droits accordés aux Français, les mêmes juristes lui rétorquent : C’est impossible, tu es Arabe !... Aux yeux de la loi coloniale, il n’est plus Algérien et n’est pas encore Français. Non, il n'est rien, au plan national ou civil. Il est désormais dépourvu de tout. C’est-à-dire qu’il n'est chez lui, ni en Algérie, ni en France, ni n’a aucune patrie nulle part ailleurs. C’est ici que réside la réalité du drame vécue par les Algériens et dont découlent tous les autres drames ».

     La stratégie de l’occupant colonial visant à exterminer tous les habitants autochtones d’Algérie, appelés  « indigènes musulmans », s’est soldée par la mort de plus de 6 millions d’Algériens durant la période allant de 1830 à 1872, à travers les tueries massives, préméditées et organisées qu’il a perpétrées dans toutes les régions du pays sans exception et en laissant les épidémies faire des ravages dans la population locale(…)

      C’est sur ces méthodes que la France coloniale a fondé sa stratégie de conquête, d’occupation et de colonisation de l’Algérie, en codifiant le pillage de ses richesses, l’asservissement de ses enfants, leur appauvrissement à la limite de la famine. Profitant de leur détresse incommensurable, les autorités coloniales n’ont pas hésité à incorporer les jeunes Algériens de force pour aller défendre les couleurs de la France impériale sur les champs de bataille qui faisaient rage dans le vieux continent, de 1870 à 1945.                  
                        
                                                    Par Aissa Kasmi (ancien cadre supérieur de la DGSN)
                                                           In   Mémoria, n°41, Novembre 2015

Texte :
La grève insurrectionnelle
Une effervescence régnait dans le quartier. Apparemment, un évènement se préparait. Je découvris pour la première fois un tract de l’organisation du FLN que Hocine me remit pour le lire et le diffuser discrètement. Il était demandé à la population de se préparer à observer une grève générale de huit jours à partir du 27 février 1957, date à laquelle l’Assemblée générale de l’ONU devait débattre de la question algérienne.
Les cellules de résistants qui, jusque-là, activaient clandestinement, sortirent pour expliquer aux gens ce mouvement qui allait constituer, pour les moudjehidine, du djebel ou de la ville, un acte de solidarité majeur et encouragement envers le mouvement de libération nationale, contredisant l’allégation coloniale selon laquelle le peuple algérien n’était pas solidaire des rebelles qu’elle appelait « fellagas ».
Le jour J, la Casbah était méconnaissable. J’avais le sentiment d’être dans un autre monde. C’était une ville morte. La rue Randon présentait un visage inhabituel avec ses rideaux baissés. Au fond, chacun était conscient que les forces armées et la police coloniale n’allaient pas demeurer les bras croisés. Une riposte se préparait à coup sûr. Discrètement, la population s’organisa pour assurer une surveillance de jour comme de nuit, guettant le moindre mouvement dans le camp ennemi.
La réaction de l’armée ne se fit pas attendre. Elle fut brutale, sauvage, et le colonialisme qui n’attendait qu’une occasion pour faire une démonstration de force, ne s’en priva pas. Je découvrais sa véritable incarnation : hideuse, raciste, convulsée à la fois de rage et de terreur. La grève des huis jours sonna comme un démenti cinglant aux fantasmes d’une Algérie éternellement française. Les portes défoncées à coups de crosses et coups de pied, des rideaux de fer des magasins relevés ou arrachés de leurs rails ; les perquisitions systématiques des maisons avec des arrestations massives de personnes sorties de leurs domiciles quelques fois en pyjamas, pourêtre entassés comme du bétail dans des camions militaires. Ce jour-là, je découvris la véritable nature humaine. A une allure folle, les masques tombaient.

Les irréductibles de la Casbah
                                                                                            Rachid BELHOCINE, éd RAFAR,
                                                                                            Alger, 2013 pp 47, 48

                                        Composition de français  du premier trimestre.
       Le 17 Octobre 1961. Ce jour-là, les «indigènes de la République» (ouvriers de chez Renault, manœuvres de chantiers, saisonniers, balayeurs de rues...) suite à l'appel du FLN, quittaient massivement leurs bidonvilles pour converger vers le centre de la capitale française. Accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants et bien habillés pour la circonstance, ils s'en allaient protester pacifiquement en faveur de l'indépendance de l'Algérie et marquer leur refus du couvre-feu unique que leur avait imposé la préfecture de Paris, à partir de 17 heures. Soudain, l'insoupçonnable! La marche pacifique tourne au massacre, un enfer à ciel ouvert, sous les yeux ébahis des badauds terrorisés ou complices. En un quart de seconde, la marche pacifique se transforme en drame. Des dizaines de cadavres gisent à même le sol. D'autres, sans défense seront amenés dans les commissariats et sacrifiés sur l'autel de la bêtise.
     Piétinant ses propres principes moraux et humains, la France venait d'offrir au monde un aperçu du triste spectacle des atrocités qu'elle fait endurer au peuple algérien qui réclame sa liberté.
     «Il ne s'est presque rien passé, durant ce mois d'octobre 1961» affirmaient, des années durant, des voix autorisées qui avançaient le chiffre de deux morts et de quelques blessés. Il a fallu des décennies de patience pour qu'enfin les langues se délient et que le chiffre de deux cents morts soit avancé. Après avoir compulsé un grand nombre de documents émanant de sources diverses, Jean Luc Einaudi affirme, dans son ouvrage sur Octobre 1961, qu'il y a eu effectivement «massacre» durant deux mois et que le préfet Papon en était le principal instigateur. La parole de l'historien a finalement été t entendue. L'ex-préfet de Paris sera même débouté au procès qu'il intenta à Einaudi. En fait, Octobre 61, n'était que l'aboutissement d'un processus répressif cruel, entamé des années avant, par l'autorité française.
Mohamed Bensaleh, Le Quotidien d’Oran, 16 octobre 2008


Les premiers maquis
             Dans des conditions particulièrement dures et complexes tant sur le plan matériel que celui de l’organisation, face à une politique colonialiste faites d’oppression et de pillage économique, le peuple algérien et ses véritables militants révolutionnaires prirent la décision d’engager la lutte armée contre le régime colonial.
             Il fallait, par tous les moyens et au prix de tous les sacrifices, liquider les bases de domination étrangère implorée par la force depuis plus d’un siècle. Tout un peuple, fier de lui-même, de la grandeur de son histoire, vivait quotidiennement sous le joug cruel d’une impitoyable colonisation et une armée qui transformait notre patrie en un immense camp de concentration où les droits du peuple étaient bafoués, ignoré. Aux revendications du mouvement patriotique répondirent les massacres, la prison et un programme de dépersonnalisation généralisée. Aussi la décision révolutionnaire fut  elle d’une portée considérable dans la vie et dans l’histoire du peuple algérien. Ayant à sa tête une avant-garde révolutionnaire guidée par le FLN, il décida d’entamer la bataille de la libération.
             Le 1 novembre 1954, avec les premiers coups de fusil des premiers combattants, illumine le ciel de la patrie. L’organisation révolutionnaire renouvela le potentiel d’enthousiasme et de combativité des ouvriers et des paysans  mais elle provoqua la surprise et la haine des colonialistes. Rien ne pouvait plus bloquer le processus implacable découlant du choix des partisans  de la lutte armée : le combat au cœur des maquis.
         Ainsi, les dirigeants du FLN  et d’autres responsables ou simple moudjahidine se lancèrent à l’assaut du système oppresseur. Ces combattants de la première heure firent l’impossible pour le succès de l’entreprise révolutionnaire tout en améliorant chaque jour leurs méthodes d’action dans les différents domaines de lutte.
           Les groupes se formaient  et s’étendaient. Au début ils agissaient pratiquement d’une façon autonome et comprenaient généralement douze personnes. Ils devaient donner l’impression à l’ennemie qu’il était en présence d’un adversaire nombreux et organisé. Pour cela, il fallait frapper vite, fort et se déplacer aussitôt vers d’autres lieux.
             Les forces colonialistes ont tout fait pour étouffer la révolution, mais les attaques se réalisaient et se succédaient à u rythme rapide. Les premiers martyres tombaient et les embuscades les vengeaient. Maintenant la guerre nécessitait des moyens plus appropriés (arme, armée…) et devenait pénible et surtout inégale face aux moyens colossaux de l’ennemie…
Yousefi. El watan, Octobre 2010- 20èmeanniversaire du déclenchement de la révolution

Texte :
La déclaration du 1er novembre 1954 montre, d’une façon explicite, la volonté des Algériens de casser le joug du colonialisme, par les armes, pour arracher leur liberté. Le déclenchement de la guerre de libération était le thème "principal et unique" retenu "à l’unanimité" lors de la réunion historique du groupe des 22 en juin 1954 à Alger. Les participants à cette réunion, ont accepté "à l’unanimité et avec enthousiasme" le passage à la lutte armée, parce qu’ils étaient convaincus que c’était le seul moyen de se libérer du joug colonial.
La date du déclenchement de la lutte armée était "minutieusement préparée" et constituait "un pas grandiose" accompli par le peuple algérien pour le recouvrement de la liberté spoliée et la concrétisation de l’indépendance. La répression et les souffrances subies au quotidien ont poussé le peuple algérien à accueillir la lutte armée "avec une joie immense". La révolution algérienne s’est distinguée des autres révolutions par ses principes et sa détermination. A Mostaganem, l’évènement est d’autant plus important, pour sortir les martyrs du Dahra de l’oubli. Appelé nuit de la Toussaint par les coloniaux, nuit de l’espoir pour le peuple Algérien, qui a fait battre le cœur de ces hommes. Premier coup de feu, à 23 heures 45 en cette veille de novembre et pour être précis le 31octobre, sur le nommé Laurent qui se dirigeait vers Khadra (ex Picard située à prés de 80km de Mostaganem). Il sera aussi le mois de la déferlante coloniale, et des arrestations de Belhamiti, Sahraoui Aek, Meziane Boutaiba, Senouci, Hassaine, et ce, dès les premiers jours. Cet interlude historique, sera ponctué par de nombreux crimes perpétrés contre des civils par l’autorité coloniale dans la région de Sidi Ali « ex Cassaigne », Hadjadj « ex Bosquet », Benabdelmalek Ramdane « ex Ouillis », Sidi Lakhdar « ex Lapasset », Douar Esmara, Ouled El Hadj pour ne citer que ceux-là. Dans cette région les coloniaux, tuaient pour le plaisir et c’est ce qui ressort de certains témoignages, surtout concernant le Criminel De Jeanson, propriétaire à l’époque d’une ferme aux abords de Hadjadj plage (ex Bosquet). Il sera l’auteur de nombreux crimes perpétrés contre la population de Hadjadj, commettant des assassinats, et c’est dans la forêt d’Ain Brahim plage, qu’il s’adonnait à son jeu de massacre, à savoir tuer des innocents.
La région de Sidi Ali « ex Cassaigne » quant à elle s’illustrait par son camp de la mort où les prisonniers subissaient les pires tortures, disparaissaient ou assassinés sans aucune forme de procès. Connue pour être une zone très sensible, l’armée coloniale y était concentrée, de par le renforcement des unités de spahis et du 2ème bureau réputés pour leurs atrocités. Le choix de ce camp dans la Région, n’était pas fortuite pour ne pas oublier de citer entre autres la prison d’Oued El Kheir située à point zéro aussi réputée pour les tortures et les sévisses.
Kamel.M .El watan-. Mardi 30 Octobre 2012



            Composition de français du 1er trimestre

    19 juin  1956 : pour la première fois dans cette  guerre, la guillotine entre en action. Zabana et Ferradj ont la tête coupée, au nom de la loi française. Ainsi, le statut de combattants de guerre ne sera pas réservé aux nationalistes.
     Djamila Briki, qui fut, aux premiers jours de juillet 62, ma première amie de la Casbah, livre ses souvenirs qui seront heureusement consignés avec ceux de plusieurs autres Algériennes par  Djamila Minne- Amrane_ sur les nouveaux rites funéraires qui s’instaurent aux portes de la prison Barberousse : « Les familles des condamnés à mort allaient tous les matins à Barberousse, car, lorsqu’il y avait des exécutions, c’était affiché sur la porte. Nous allions tous les matins pour voir s’il y avait ces fiches blanches sur la porte ; des fois, il y en avait trois, quatre, chaque exécuté avait sa fiche personnelle. Nous n’étions jamais prévenues, il fallait aller lire les noms sur la porte. C’était la chose la plus horrible. Et l’eau !... Quand il y avait plein d’eau devant la porte, c’était parce qu’ils avaient nettoyé le sang à grande eau avec tuyau. »
   Peu après, un gardien sortait et appelait la famille du guillotiné de l’aube : il rendait les affaires personnelles du mort à sa femme ou à sa mère. Les femmes ne pleuraient pas ; leurs compagnes, venues aux nouvelles, les entouraient et allaient ensuite jusque chez elles pour la viellée religieuse.
    Le corps de l’exécuté n’était jamais remis aux siens ; l’administration pénitentiaire se chargeait seule de l’inhumation au cimetière d’El-Alia. On ne donnait que le numéro de la tombe aux femmes qui s’y rendaient le lendemain.
                                              Assia Djebar, Le Blanc de l’Algérie, éditions Albin Michel,

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